Samedi on a marié des amis, Eric et François Quand je dis "on", c'est une image, bien sûr, on s'est contentés de manifester, par notre présence et nos sourires, notre plaisir à être à leurs côtés, ce jour-là.

C'est curieux comme on sent encore, plusieurs jours après, la magie des émotions qu'ils nous ont transmises, de celles qu'on a fait circuler.

À la mairie, déjà, il y avait une douce euphorie qui plânait, des sourires en pagaille, des oh d'admiration devant de belles tenues, des petits rires qui disaient "on y est, dans quelques minutes ça sera pour de vrai".

Je ne sais pas pour les autres, particulièrement pour ceux d'entre nous qui ont fait plus que quelques manifs et donné des mots de soutien, je pense à ceux d'entre nous qui ont milité depuis des années pour les droits des homos, mais déjà moi sur qui le vit comme sympathisante de l'espèce humaine et pas comme une injustice personnelle, j'avais cette petite peur qu'on ait rêvé, qu'on nous foute dehors, qu'on nous dise que non mais quand on mariera des garçons ou des filles ensemble, les cochons voleront. Une toute petite pointe de peur; parce que ça a été si violent, ça continue à l'être, qu'on doute de la véracité de ce grand bonheur, de ce soulagement.

Mais si, le maire les a mariés et bien mariés, ils ont dit oui avec beaucoup d'application tous les deux.

Je ne peux pas vous dire à quel point les voir rayonnants comme ça, c'était contagieux. Quelque chose qui vous prend aux tripes et vous fait dire que la vie est belle, que si l'amour palpable entre ces deux-là se répandait dans le monde, il en serait plus vivable.

Et puis le soir on s'est retrouvés pour faire la fête. Il y a eu de très belles tenues, dont un certain nombre de kilts fièrement portés. IL y a eu des hôtes aux petits soins, du bon manger. Il y a eu de fort jolis acrobates, encore plus talentueux que musclés. Et il y a eu des mots très forts.

Bien sûr des mots militants, des mots qui racontaient des blessures anciennes, des mots qui évoquaient des douleurs. Mais aussi des mots d'amour si forts qu'on a pleuré, tous, un peu, beaucoup. Qu'on s'est pris dans les bras. Qu'on s'est serré fort. Que chacun d'entre nous ressentait l'amour et l'amitié qui circulaient entre nous, que chacun d'entre nous avait l'impression d'y participer un peu. Contents d'être là, contents d'être ensemble, amis de longue date ou pas, réchauffés par le bonheur ambiant (et quelques mojitos, pour certains).

C'était incroyable, cette sensation, et je crois qu'on peine tous un peu à descendre, encore.

Et puis dans les mariages on danse ! (Enfin pas moi, encore trop douloureuse du bras, déjà trop apataudie par un ventre sphérique). Il y a eu ceux et celles emportés par le démon de la danse qui ont réjoui et fait l'admiration de tous. Il y a eu celui qui a honoré le magnifique Gareth de 4 mariages et un enterrement par son stye très personnel et communicatif de plaisir. L'un des mariés que j'ai découvert, à mon grand étonnement (d'ailleurs pourquoi de l'étonnement ?) roi du dance floor.

Dans les danseurs me restera l'image de François, tétanisé par sa valse, dans laquelle on voyait à la fois un moment un peut compliqué à passer et un grand geste d'amour pour célébrer ce jour avec son tout nouveau mari. C'était bien plus beau que ce qu'il s'imagine sans doute, à regarder.

Merci encore, vous deux, pour cet incroyable journée. C'était plus qu'un bonheur que de partager ça avec vous. Et merci à tous ceux qui ont fait circuler l'amour.

Commentaires

1. Le mardi 15 avril 2014, 14:11 par Floh

Eh ben je suis très très heureuse pour eux, et tu le racontes si bien!
Plein de bonheur aux mariés, donc, et des bises à la volée :-D

2. Le mardi 15 avril 2014, 14:41 par mirovinben

Une seule question me vient à l'esprit devant tant de bonheur partagé : pourquoi certains portaient un kilt ?

Peut-être en relation avec le kilt écossais/calédonien ? Clin d’œil très capillotracté avec la Nouvelle Calédonie (il me semble avoir compris que cette partie du monde est chère à certains participants)

Sacré question n'est-il pas ? 8-)

3. Le mardi 15 avril 2014, 14:44 par mirovinben

Oups !... "Sacré* question"... Hum...

J'ai donc décidé de dé-féminiser le mot "question". Mais on peut volontiers écrire "Sacrée question". C'est comme vous voulez.

4. Le mardi 15 avril 2014, 16:35 par samantdi

Ça me fait vraiment plaisir de lire ça, je suis heureuse pour eux et aussi pour vous.

Une belle histoire avec un happy end :heart:

5. Le mardi 15 avril 2014, 17:18 par bellzouzou

un bien beau billet, encore une fois!

6. Le mardi 15 avril 2014, 17:26 par Sacrip'Anne

Floh pourtant je me sens si en dessous de ce que c'était sur le moment !

Mirovinben si la Nouvelle Calédonie était effectivement très impliquée dans la question, les hommages étaient plus proches de nous géographiquement...mais je les laisse raconter s'ils passent par là ! Et puis les accords, c'est un peu trop djèndeure, non ? :p

samantdi j'espère bien que ça n'est pas la fin de l'histoire, loin de là :)

Merci bellzouzou mais c'était si beau si bon en vrai que c'en est frustrant à raconter :)

7. Le mardi 15 avril 2014, 17:38 par Luce Luciole

Il y a des mariages pas comme les autres, hein... Sourire à te lire. Bises

8. Le mardi 15 avril 2014, 19:42 par Sacrip'Anne

Luce entre le votre et le leur, je vais avoir du mal à continuer à détester les mariages ;) Bisous

9. Le mercredi 16 avril 2014, 05:59 par lilou la teigne

Bises aux mariés et longue vie à eux :heart:

10. Le mercredi 16 avril 2014, 07:06 par julio

Et bien pour une pas mariée ton billet et plein d’enthousiasme ! Plein de bonheur au marié ! :p

11. Le mercredi 16 avril 2014, 10:43 par Franck

C'est pendant l'été 2013, après avoir reçu l'invitation de François et Éric, que j'ai décidé de faire à ma façon un petit hommage à l'année de militantisme qu'on avait passé à défendre nos idées d'égalité à propos du mariage pour tous.

Et pour moi, la meilleure façon de faire ça, tout hétéro que je suis, était de porter une jupe, et du coup, un kilt, ça le faisait grave, comme disent les d'jeuns (enfin ceux d'il y a quelques mois, aujourd'hui ils doivent encore changé d'expression) !

À l'époque je ne savais pas encore qu'Éric avait lui aussi décidé de porter un kilt (je ne l'ai appris qu'après, à Paris-Web, grâce à une indiscrétion de son aujourd'hui mari).

Tant qu'à bien faire les choses, j'ai choisi le tartan du pays Bigouden, commandé un kilt sur mesure, fabriqué en Écosse, et acheté la tenue complète (si vous voulez voir à quoi ça ressemble, cliquez ici).

Je pense que je remettrai cette tenue pour un autre mariage qui va se tenir en Bretagne, justement. Cela dit, je ne porterai pas une jupe tous les jours. Faut penser à l'aplatir avant de s'assoir sinon ça boudine, et il faut une demi-plombe pour s'habiller, c'est pénible :-p

Voili, voilà.

PS : Si vous voulez, je vous donne l'adresse du seul revendeur de kilt du continent (du côté de Montparnasse).

12. Le mercredi 16 avril 2014, 10:44 par Eric

Merci Anne.
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, vous tous qui étiez là nous avez porté de votre amitié, et c'est avant tout une belle histoire de partage, et confirme que ce que l'on donne à l'autre enrichit tout le monde et n'appauvrit personne.
Concernant mon choix de porter un kilt ce jour-là, il s'agissait pour moi d'une référence à mes origines celtiques : 56,25% de breton, pour ce qui est avoué, mais j'ai peut-être des aïeux qui ont fauté ;-)
Dans ce qui a présidé au choix du tartan (National Britanny ou tartan national breton dans mon cas), je n'en voulais pas un qui soit attaché à un clan particulier.
Les éléments symboliques du TNB sont le bleu pour l'armor, le vert pour l'argoat, et les carreaux blancs représentent les 9 provinces bretonnes.
Il se trouve que, par un hasard de la géographie, la Nouvelle-Calédonie, découverte par James Cook et nommée ainsi car elle lui rappelait l'Écosse là où il l'a abordée, est également une montagne ceinturée par la mer, et est composée de 9 îles principales habitées : la Grande Terre, Maré, Lifou, Ouvés, Tiga, l'île des Pins, l'île Ouen et les deux Bélep.
Wouala pour les esseplications.
Je voudrais juste dire que même « happy », ce n'est pas une « end », mais au contraire le début de quelque chose d'autre, et dans tous les cas la suite de l'aventure commencée il y a bientôt 7 ans avec François.
Choisir de se marier au bout de 7 ans, ça a un petit côté trompe-le-sort ;-)
And yes : I am a dancing queen ;-)

13. Le mercredi 16 avril 2014, 10:52 par mirovinben

Merci Franck et Eric d'avoir pris le temps de m'esspliquer. :)

14. Le mercredi 16 avril 2014, 10:52 par Flo

pff comme elles sont belles les histoires comme tu les racontes.....

je me demande si jamais je me marie un jour, si on arrivera à faire passer toutes ces émotions à nos invités !

15. Le mercredi 16 avril 2014, 11:36 par Sacrip'Anne

lilou, oué, et même encore plus longue que ça, et en bon état en plus !

Julio, ah mais mon peu d'attraits pour l'idée de me marier moi ne m'empêche pas de me réjouir pour les copains !

Franck, je dois dire que les uns comme les autres, vous le portiez très bien ! Sans parler de la robe de Tarquine, bien sûr !

Eric, je suis bien d'accord avec toi sur le commencement plutôt que la fin, tiens ! Et je ressens ça aussi, en dehors de la joie de votre mariage au sens strict, il y a ait quelque chose lié à un plaisir intense à être ensemble :)

Merci pour les explications du tartan également !

mirovinben t'as plus qu'à t'y mettre !

Flo, ah je dois dire qu'il y avait dans ce mariage quelque chose qu'on ne trouve pas couramment. Parce que c'était celui de deux gars avec leur histoire telle qu'elle est, parce qu'il arrive après des années de combats, dont une dernière année particulièrement éprouvante. Parce qu'aussi disparate qu'étaient les invités, ils étaient liés par ce quelque chose d'exultant, de victorieux. Parce qu'il avait son petit brin de tradition mais aussi beaucoup de choses beaucoup moins formelles. Parce que parce que parce que...

Mais je te souhaite un très beau mariage si c'est une étape que tu as envie de vivre, il n'empêche !

16. Le mercredi 16 avril 2014, 11:42 par Noé

Je garde le regret est de n'avoir pu être davantage présent. Peuvent pas se marier et faire la fête le lundi, les gens ?

Éric, François, j'étais heureux d'être pas trop loin, et, comme la dame, je ne voudrais pas du mariage pour mon usage personnel mais je me réjouis grandement que ceux qui le souhaitent y aient enfin accès et se marient (pour autre chose que faire plaisir à grand-maman ou régulariser la situation après avoir mis madame en cloques).

Longue et belle route à vous !

17. Le mercredi 16 avril 2014, 11:44 par Sacrip'Anne

Tu sais ce qu'elle te dit, "la dame" en cloque, Noé ???

18. Le mercredi 16 avril 2014, 11:51 par Noé

Oui, mon amour ?

Le pire c'est que je ne pensais pas à ton état en l'écrivant mais à l'expression d'un ancien camarade, qui m'avait durablement choquée.

:-* :-*

19. Le mercredi 16 avril 2014, 11:53 par Sacrip'Anne

Je préfère !!! :p

20. Le mercredi 16 avril 2014, 11:58 par Lizly

Vive les mariés ! Et surtout, vive l'amour, sous toutes ses formes. :heart:

21. Le mercredi 16 avril 2014, 14:06 par Sacrip'Anne

Lizly \o/

22. Le jeudi 17 avril 2014, 18:46 par Charlottine

Quelle belle histoire et si bien racontée ! merci de ce partage Anne : tu exprimes si bien ce vécu qui me touche car, même si je ne connais pas vraiment les heureux élus du jour, par le "web" j'ai eu la chance de les apprécier et suis très heureuse pour eux !

23. Le dimanche 20 avril 2014, 11:33 par Sacrip'Anne

charlottine, tu aurais vu leurs sourires, leurs regards... la vie est belle quand on les sait dans notre monde !

24. Le vendredi 25 avril 2014, 14:13 par Solete

Très émue de lire cette histoire surtout après cette dernière année infernale que vous avez vécue en France. Il m'était insupportable d'entendre les conneries qui se disaient sur le mariage homo et pourtant je vis à l'étranger, alors entendre ça tous les jours, je crois que j'aurais pêté un câble.
Bref, que vive l'amour !

La discussion continue ailleurs

1. Le mercredi 16 avril 2014, 11:12 par Open Time

Le dernier mot

Le dernier mot de l’histoire, ou plutôt le fin mot, est là....

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