vendredi 27 novembre 2015

Je vais vous taper du pognon

Gens, copains, inconnus du ouèb, amis, familles, je vais vous taper du pognon.

C'est pas pour moi, c'est pour les enfants.

Pas pour les miens (enfin pas directement).

C'est pour les enfants de l'école de ma fille. Nous sommes dans un quartier où les parents ont du mal à soutenir leurs enfants en situation difficile, à l'école. Un quartier où 30 % des élèves n'ont pas le niveau requis en fin de CM2. Des élèves pour qui on sait qu'ils sont déjà en échec en élémentaire, ça fait mal, je trouve. Dans un pays où l'on cultive la religion du fort en math, du parcours académique, et où ceux qui n'entrent pas dans le moule ne sont pas célébrés à tous les coins de rue.

Alors quand l'ancien enseignant de Cro-Mi, au conseil d'école, nous a dit qu'il allait profiter de son statut de PDMQDC[1] pour faire entrer un peu de Montessori (entre autres) dans l'école, j'ai fait quinze pas en avant pour me porter volontaire. Inspiré par l'expérience de Céline Alvarez, qui a donné des résultats encore meilleurs qu'attendus, il a l'énergie et l'envie qu'il faut pour expérimenter des choses, pour ne pas baisser les bras contre l'échec scolaire.

Alors voilà.

Vous pouvez allez lire tout ce qu'il faut savoir sur le blog du projet, Tous bons élèves ! [2]

Et si vous pouvez donner quelques sous (il nous faut environ 2 900 euros pour équiper une classe, un peu moins de 9 000 pour en équiper trois.

Bien sûr il y a des démarches faites pour obtenir des financements, mais ça ne sera pas suffisant.

Alors, donc, si vous voulez donner quelques sous, c'est ici.

A vot' bon coeur, à la santé des enfants qui pourront en bénéficier. Et faites tourner, siouplé.

Notes

[1] Plus De Maîtres Que De Classes

[2] un blog dotclear il va de soi

lundi 16 novembre 2015

Que faire de la peur ?

Même pas peur, cri bravache, cri un peu enfantin.

Bien sûr qu'on a peur. Parce qu'on est humains. Parce qu'on a bien des raisons de ne pas être optimistes. On fabrique de l'exclusion, de la discrimination depuis des décennies, on refuse de voir... et ça nous pète à la gueule, littéralement.

J'ai bien peur, donc, que ça ne soit pas la dernière fois.

Pour autant, même si, fondamentalement, on a peur, que faire de cette peur ?

Pour ma part, une réponse est évidente : continuer à vivre. Sans minimiser le danger, mais sans le voir partout. Sans terroriser ma fille en lui faisant porter le poids d'une terreur aveugle qui n'est pas la peur.

Une autre réponse essentielle : en ayant certainement pas peur de l'autre. En continuant à saluer les gens dont je croise le regard dans la rue, quelle que soit leur tenue, leur tronche. En faisant entendre ma voix à chaque fois qu'un discours insoutenable sera tenu en ma présence. Pas par espoir de faire changer d'avis, mais dans celui de donner du courage, peut-être, à ceux qui se taisent même quand ils ne sont pas d'accord ? Un peu vaniteux, sans doute. Je n'ai pas d'autres armes.

Faisons quelque chose de beau de cette peur qu'on nous prive de nos libertés, de nos vies, de nos façons de vivre : rapprochons-nous. Faisons bloc avec nos différences conciliables, pas avec nos ressemblances.

Voici ce que je me dis, là tout de suite, dans le chaos du dedans de ma tête.

mardi 10 novembre 2015

Z'en avez pas marre, les gars ?

Depuis des années, il y a un truc qui me sidère dans les discussions "para féminisme".

De plus en plus, il y a des hommes pour dire qu'ils sont d'accord sur le fait que plus d'égalité est souhaitable, qu'ils souhaitent prendre leur place dans des domaines comme la parentalité, que les "combats" féministes les y aident, d'une certaine manière, en ouvrant le champ des possibles pour tous les genres. Et ça c'est chouette, même si du coup, ces hommes "prennent de la place" et qu'il s'agit ENCORE d'eux.

De façon horripilante, il y a au moins un mec par conversation pour dire "oui mais moi je ne suis pas comme ça". C'est très bien, on en est contents, on donne le cookie au monsieur et ça n'est pas le sujet. Mais au moins, disons qu'ils ont une conscience, quelque part, et même s'ils ramènent à eux, on peut espérer qu'au bout du compte, dans les faits, dans le quotidien, ils aient des pratiques moins chiatiques que d'autres, au bureau, à la maison, dans la rue...

Mais, très très très rarement, quand il s'agit de foutre la paix aux femmes dans la rue, par exemple, ou de viol conjugal et que le pathétique "argument" vêtements / attitude / maquillage / allure de la victime surgisse et finisse par leur "donner tort", face à ces pauvres mâles qui ne peuvent rien faire contre des pulsions très naturelles, il en est pour s'indigner. Je crois même que je n'ai jamais entendu un homme dire que l'argument ne tient pas la route. Alors que j'ai souvent entendu des hommes ricaner avec un air connivent (dans le meilleur des cas) à l'évocation de la salope qui passe les jambes à l'air.

Alors je pose la question.

Que vous soyez séduits par une robe, une allure, un sourire, une chevelure, bref, qu'une personne attire votre attention n'est PAS la question. Figurez-vous que ça arrive à tout le monde, mêmes aux femmes (qui, oui, ont le droit d'être séduites aussi et de ne pas attendre le bon vouloir du mâle).

Mais vous n'en avez pas marre d'être réduits à vos pulsions ? Et si vous deviez vraiment toutes les suivre, combien de personnes devriez vous frapper, tuer, embrasser, violer par jour ?

Sérieusement, ça ne vous indigne pas qu'on vous dise que vous, les hommes, vous êtes des animaux conduits par votre cerveau reptilien ? Ca flatte quoi, chez vous, au juste ?

Encore une fois, qu'on ait de l'appétit pour un autre, c'est la vie et c'est ça qui fait que l'espèce a un peu duré.

Mais qu'on se serve de cet argument pour expliquer que les femmes ont tort d'être dans l'espace public, et encore plus tort d'y être comme elles sont, et que ça ne vous fasse rien de vous faire insulter au passage, ça me dépasse.

Rappelons au passage que la grande majorité des coupables de viols font partie de l'entourage de leur(s) victime(s). Et que, tant qu'on y est, s'il n'y avait que de belles gonzesses dénudées pour se faire violer, ça se saurait.

hashtag pointvenusdemilo

jeudi 5 novembre 2015

Ca ne se voit pas

J'ai la chance, dans le grand groupe humain porteur de handicaps et / ou de maladies invisibles, d'en avoir dégotté une qui n'est "pas pire" à gérer, une fois qu'on est arrivé à trouver le bon dosage dans le traitement.

Ne vous méprenez pas, tant qu'on y est pas arrivé, c'est un enfer. Un enfer dans lequel on se sent rarement compris.

Parce que tout le monde a déjà été "fatigué".

Du coup une fois que vous avez dit que vous êtes chroniquement fatigué(e) et qu'en plus vous dormez mal, on vous plaint cinq secondes, et éventuellement on vous enchaîne sur le bébé matinalement éveillé, ou le chat du voisin qui a miaulé et qu'on est soi-même un peu crevé, ce matin, qu'on irait bien se recoucher ou faire une sieste.

Or, il n'y a pas de mots pour décrire ce fond du trou des très grandes fatigues. Ça parlera à ceux qui me connaissent le mieux, je crois être une personne capable de rebond, d'optimisme et de faire au mieux avec ce qu'on a. Et certains jours au plus profond de l'hypothyroïdie, il m'est arrivé de pense que quand je serai morte, au moins je n'aurais plus à faire avec cette fatigue.

Autant vous dire que ça fait un peu bizarre quand on a pas trop l'habitude de subir des pensées sombres au long cours. Sans parler des choix peste ou choléra qu'on fait pour survivre, comme réduire à néant sa vie sociale parce que zapper l'une des rares siestes possibles, c'est pas envisageable. Rien à voir, donc, avec le fait d'être "normalement" fatigué par une vie d'adulte.

Mais, pour moi, ça va mieux, beaucoup mieux, je retrouve ma vie et l'entrain qui l'accompagne généralement avec grand plaisir, et un petit sentiment d'irréalité accompagne les souvenirs des pires moments. Comment ça a été possible (et merci la chimie).

Il n'en reste pas moins que je garde en mémoire le déni que font les autres, souvent très involontairement, de ce qui vous arrive.

Ça ne se voit pas donc ça s'oublie vite.

Quand j'ai dit à mes chefs et + 1 et + 2 que j'avais un japonais, ils m'ont fait part de leur grande compassion, et puis basta, par exemple. Comme je suis du genre combatif, j'ai fait ce que je devais et considérablement puisé dans des maigres ressources pour faire le job, minimiser les impacts sur mon travail. Mais ça m'a coûté (et ça a dû coûter à mon amoureux). Sans parler des fois où je suis arrivée au bureau en me disant que chouette, la fatigue ne m'avait pas encore tuée sur la route.

Bref, à aucun moment on ne m'a proposé de voir avec les RH ou la médecine du travail si on pouvait aménager des choses pour que je reste une salarié qui fait bien son boulot sans me tuer à la tâche. Pas parce que je suis dans une entreprise où on s'en fout, juste parce que bon, être fatigué, hein, tout le monde l'est. Ce n'est pas une maladie. Sans déconner.

Ça a tenu, tant mieux. J'ai réussi à en rire, parfois, à faire avec, la plupart du temps. A ne pas être trop en colère avec les comparaisons douteuses.

Je suis combative, ça m'a servi. Ça m'a peut-être aussi pris des ressources que je regretterai un jour, on verra bien. Ça m'a tenue, très certainement, aussi, cet engagement vis-à-vis de moi à bien faire mon boulot.

Mais je pense à tous ceux qui portent un handicap ou une maladie invisible, et pour qui la vie professionnelle et le suivi d'un traitement contraignant, à heures fixes, ou à effets secondaires (ou le contrôle de leur état, par exemple, pour les diabétiques) devient une mission impossible, ou bien une mission qui bouffe une énergie dont on a besoin par ailleurs.

Et je trouve ça injuste.

Les maladies et ou handicaps invisibles, c'est un peu la double peine.

J'ai de la chance, la mienne ne met pas en cause ma survie ou ma mobilité. Mais ce n'est pas le cas pour tous et je leur adresse ici de fraternelles pensées.