vendredi 23 octobre 2015

Non mais c'est de l'humour !

Récemment, dans notre entreprise, filiale d'un groupe mondialement connu, récompensé notamment pour sa parité H/F dans les comités de direction, et auteur d'une étude qui démontre que la mixité dans les organisations génère plus de performance...

... le directeur commercial en pleine présentation devant 150 personnes a expliqué que le fait de travailler sur les prix, ce n'était pas une affaire de femmes.

On a dû être trois à ouvrir des yeux grands comme des soucoupes.

Mais c'est de l'humoooooooour, voyons, ne t'indigne pas comme ça (sous-entendu "chienne de garde qui a perdu toute forme de dérision de capacité à gérer du second degré) ! me dit-on.

Ben voyons.

J'aurais adoré, pour appuyer ma démonstration sur la responsabilité et l'exemplarité nécessaires des cadres dirigeants, qu'une femme appartenant au comité de direction fasse de l'humour sur le fait que les hommes, on ne peut pas leur demander de concevoir une offre adaptée aux besoins des clients.

Et le tollé que ça aurait provoqué.

Et la leçon de morale et les excuses qu'elle aurait probablement dû formuler.

De l'humour my ass.

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(Oui c'est ma grande semaine de l'énervement).

mercredi 21 octobre 2015

Sinistres esclavagistes

Nous partageons nos locaux professionnels avec plusieurs entreprises, dont l'un des leaders de l'intérim.

Lundi, au pied de chez nous, le syndicat-qui-n'était-pas-convié-à-la-conférence-sociale venait en délégation. Avec une délégation particulière, à vrai dire : celle des intérimaires sans papiers d'un département voisin.

Et il se trouve qu'ils étaient tous noirs.

On a donc eu une ribambelle de commentaires, pour le mieux, approximatifs sur le dialogue social quand on les as entendus scander "Assassins" à leur employeur. C'est vrai, quoi, tous les jours, on traite des gens d'assassins pour le plaisir, ne cherchons surtout pas à comprendre pourquoi. Bande de cons.

Mon exaspération a encore monté d'un cran un peu plus tard. On les entendait et voyait scander / chanter des slogans. Et derrière nous, dans la cour où on accède au restaurant d'entreprise, où on fume, où on prend l'air, une bande de rombières à gueules marinesques qui se bidonnent à "compléter" les voix de la délégation par des "ohé ohé". Ben oui, ils sont noirs. Forcément, c'est la Compagnie Créole.

Je vous passe les mille et une autre raisons de haïr nos voisins de bureau.

Simplement voilà. On a été, je pense, deux, ma collègue-amie en tête, à aller les voir et leur demander pourquoi ils manifestaient.

Figurez-vous qu'un de leur collègue est mort des suites d'un accident du travail sur un chantier.

Fin juillet.

Ils ne l'ont appris que la semaine dernière.

Parce que oui, les travailleurs sans papiers, c'est pratique, ça permet de leur filer les jobs les plus dangereux, ils n'ont pas d'autre choix que de les accepter.

Et si jamais ils clamsent, on peut planquer les cadavres tranquillou, c'est pas comme s'il y avait des voix autorisées pour s'indigner en leur nom.

Aucun de nous n'accepterait pour lui les conditions de travail que ce monsieur, que ces collègues ont subi. Chacune des revendications du syndicat qui les a soutenus nous paraît être une évidence, si on le transpose à nos vies professionnelles.

Pourtant.

Tous les jours, des morts et du silence.

Des sources ici et ici.

lundi 12 octobre 2015

L'exploit

Je ne me suis pas encore remise du choc.

Figurez-vous qu'on a un matelas épais. Et ceux qui savent, savent, c'est compliqué de trouver des draps-housse pour matelas épais, ça coûte une fortune, bref, une constante épine dans le pied, un caillou dans la chaussure quotidien[1] !

Dans un éclair de clairvoyance, j'ai vérifié ce que le dealer de matelas, un suédois bien connu de tous, vendait. Et il en avait. A un prix fort raisonnable.

Nous avons donc engouffré nos jeunes punks chevelus dans la voiture et avons mis cap sur le magasin du suédois le plus proche, avec comme objectif : un déjeuner tôtif au restaurant du magasin + acheter quelques draps-housse, le tout en revenant pas tard vu que le plus jeune des punks chevelus avait catégoriquement (et bruyamment) refusé de faire sa sieste du matin.

Nous avons donc mis le cap sur le restaurant. A part une erreur stratégique monumentale : venir avec le déjeuner du petit et le convaincre que c'est meilleur que les frites des grands. Il a mis toute la résistance dont il est capable à nous convaincre de lui faire goûter TOUT et a à peine touché à son plat. Ça a été un peu long et parfois pénible. Mais bon. On a survécu, globalement. Note pour plus tard : se souvenir à l'occase qu'ils font du repas bébé et que de toute façon, il préférera ce qu'il y a dans notre assiette.

Et puis on a été acheter trois draps et on est sortis.

Non vous ne rêvez pas. Entre une volonté absolue, un agacement post déjeuner notoire et une connaissance diabolique des raccourcis, nous n'avons acheté que ce pour quoi nous étions venus.

Et, à mon humble avis, on devrait remettre des médailles pour ça.

Note

[1] dit celle qui se retrouve tous les matins avec le drap housse déhoussé alors que son voisin de lit, non, quelle injustice