lundi 28 janvier 2013

La surprise du tricot

Ca a fait ricaner, quand j'ai dit que je me lançais dans le tricot.

Pas les copines qui ne connaissaient pas mon passif.

Mais ma famille, oui.

Ma famille qui sait que je descend d'une aïeule grande tricoteuse et surtout spécialiste de choses importables.

Les pulls à manches décalées (en hauteur et/ou en profondeur). A motifs plus ou moins probables.

Bref, mon dernier essai de point mousse datait, je pense, de l'adolescence, mais n'était pas une franche réussite.

Et puis là, envie de faire bouger mon bras endolori par des journées au clavier de l'ordinateur, de ces jolies aiguilles, du plaisir des copines, donc.

A ma grande surprise, s'il y a de la marge de progression, nettement, ce n'est pas SI mal. Il y a même des choses qu'on porte régulièrement, quotidiennement

Alors après quelques bonnets, écharpes, écharpes-tubes, je me suis lancée la semaine dernière dans mon premier pull. Challenge !

J'ai lu les billets indispensables de luckyslug sur le sujet. Engrangé de bonnes ondes kozlikiennes. Réécrit entièrement le patron en virant tout ce qui ne concernait pas ma taille, rentranscrivant ce qui ne m'était pas intelligible pour le transformer en choses faciles à comprendre en un coup d'oeil pendant l'action. Monté les mailles lundi dernier et...

J'ai déjà un dos, et le bas d'un devant !

Je ne sais pas si ça ne sera pas, au final, un pull que pour le week-end, ou bien s'il sera mettable, ou bien pas du tout, même le week-end ? Pour le moment il ressemble à peu près au patron. Ca m'encourage.

Ca m'est curieux, cette geekerie de tricot qui me vient. J'aimerais que ça marche, moi qui aimerais depuis des années savoir faire des trucs de mes mains sans être très douée. Et c'est très bizarre, de fabriquer quelque chose qui prend forme (bizarre, bien, hein !).

Bref.

Surprise. En bien.

jeudi 24 janvier 2013

C'est pas juste

L'autre jour, il y avait Larcenet, sur Inter, chez Busnel.

Le mondain à la mèche a lancé notre Manu sur l'un des sujets qui le font démarrer, immanquablement. Internet. Et surtout, les commentaires sur Internet.

Manu Larcenet, dans un argument qu'on lui a déjà entendu, disait qu'il lui était insupportable que n'importe qui vienne démolir l'expertise de quelqu'un, que tout le monde se positionne à égalité de savoir.

Et aussi qu'il avait souffert de critiques infondées sur qui il était, inexactes, déjà, et s'attachant à sa personne plutôt qu'à son travail. Que s'il y répondait, la "meute" se jetait sur lui. Que c'était injuste et que cette injustice lui était violente.

Même si je ne partage pas tout son avis sur le web participatif, ces mots ont fait écho, et puis je me suis dit que c'était le cas partout.

Quand on nous dit quelque chose de juste, on peut argumenter, ne pas être d'accord, mais il y a quelque chose de bien fondé qui doit alimenter la réflexion.

L'injustice, elle, nous met dans un état de sidération, de choc émotionnel, les bras nous en tombent et on est, déjà, dans l'irrationnel, les mots perdent de leur sens et l'absurde s'en mêle.

C'est un peu de ça qu'il s'agit en ce moment dans la société, d'ailleurs. Des gens à qui on enlève rien qui viennent dégueuler à la face de gens qu'on considère comme des citoyens à droits réduits. Sous des prétextes qu'on à peine à réfuter tellement ils ne tiennent sur rien de logique, rien de juste.

Et en plus, ils se plaignent d'être victimes d'intolérance.

C'est dégueulasse, c'est injuste, c'est violent. Et ça fait mal à l'humanité.

mardi 22 janvier 2013

Vadrouilles et péripéties

Contrastes.

Vendredi, nous avons passé deux heures et quelques dans une salle d'embarquement, puis plus de trois heures dans un avion, sans jamais être sûrs que nous partirions. Parfois il y a eu la tentation de repartir, d'aller se rouler en boule sous la couette.

Mais la perspective d'être attendus si amicalement en Toulousie nous a donné du courage, et c'est épuisés mais heureux que nous nous sommes couchés à pas d'heure. En ayant pu finir L'écharpe, grâce à toutes ces heures de temps libre subitement procurées par la neige et les aéroports de Paris !

Rainbow Scarf

Samedi, il y a eu gastronomie. Et marche avec les amis.

A chaque fois que je suis à un endroit où plein de gens ont envie d'un monde meilleur, j'ai quelques minutes, comme ça, où les larmes me montent avec les frissons, une sorte d'émotion intense à se sentir pas seul dans ses rêves et ses espoirs [1].

20 janvier 2013 - Manif Toulouse

Et puis j'ai cajolé un petit bout de vie baveux et serré dans mes bras sa maman, on a dîné comme des rois touchés pas de jolies attentions, et puis brunché le lendemain dans les rires et la bonne humeur qui aurait été totale si on avait pas dû, en dernière minute, s'acheter des billets de train plus tôt pour cause de vol annulé, et les remplaçant trop tard et menacés.

C'est sûr, 6 heures de train sur les strapontins d'entre-voitures bondés, accompagnés par les voyageurs d'un autre train, lui annulé, c'était long.

C'est sûr la fin du retour sous la neige c'était le "trop" de trop.

Mais nous retrouver tous les quatre bien au chaud.

Se dire que quand même, on a fait des choses belles, et des choses importantes.

Il était bien, ce week-end, quand même. Malgré les contrastes.

Merci les coupaings.

Note

[1] Wedontcare, si tu passes par là, j'ai pensé fort que tu y étais aussi et j'aurais aimé te dire que j'étais là, à quelques pas de toi, et puis je n'avais rien pour te joindre alors je me suis résolue, mais un peu triste de ne pas avoir pu

vendredi 18 janvier 2013

Roxane, Cyrano, Christian et les autres

Ce matin, Mar_Lard soulignait sur twitter que dans Cyrano de Bergerac, le schéma utilisé était fait de façon à condamner Roxane au lieu de mettre en avant qu'avec un peu plus d'honnêteté, le héros aurait pu vivre une histoire d'amour avec sa cousine [1] plutôt que d'être son confident.

Il est aussi l'instigateur et l'instrument d'une manipulation à l'égard de celle qu'il aime... bref, pas QUE louable et admirable.

Le tout aboutissant à un biais misogyne qui consiste à juger Roxane conne parce que dupe de la manipulation, au lieu de Cyrano peu couillu du point de vue sentimental, et malhonnête jusqu'à la fin de l'histoire.

Alors en préambule, comment faire pour avoir un oeil féministe sur la littérature de cette époque ? Compliqué, quand même. Forcément, on va y trouver des schémas misogynes, forcément, ça va marcher sur des ressorts un peu, beaucoup caricaturaux, d'une part parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'autres voix pour s'élever et dire autre chose, d'autre part, c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes et un schéma qui fonctionne est un schéma qui sera réutilisé...

Pour ma part, j'ai renoncé à toujours exercer ce regard dans le contexte de la production non contemporaine, au moins d'un point de vue revendicateur, sinon je devrais haïr l'essentiel de ce que j'adore en matière de littérature. Du coup à force de lire et relire et entendre mon Enchanteur, et le voir incarner le héros au grand nez, j'ai un avis, mais plus "tripal" que militant.

Il était une fois un nez Noé Cendrier, en cours de métamorphose

Il me semble que dans l'histoire curieuse qui lie Cyrano et Roxane, il y a Christian, sur qui on ne fait pas peser grand chose. Pour le coup, peu de jugement, alors que lui-même endosse le rôle de qui substitue le paraître à l'être, on pourrait disserter longuement là-dessus aussi.

Et puis il y a la vie. Dans les histoires d'amour, s'il n'y avait que des "c'est la faute à", ça se saurait. On a tous parfois manqué de courage, ou choisi de ne pas voir une réalité qui nous dérange ou ne nous arrange pas. Qu'on soit homme, femme, amibe, en relation homo, hétéro ou entre les deux, il y a aussi dans certaines histoires d'amour des questions qui n'appartiennent pas au genre mais au sentiment et à ce qu'il nous fait, aux changements qu'il opère sur nous.

Dans mes yeux, et ça n'est qu'un avis, c'est ça que raconte Rostand. Ces instants où on fait un mauvais choix, ces instants ou plus ou moins consciemment, on décide de ne pas voir la vérité en face, et où on passe à côté de ce qui aurait pu être.

Alors évidemment, dans son écriture, dans son appel au jugement des spectateurs, il y a qui il est. Peut-être qu'il en profite pour tacler les Précieuses au passage, encore que je vois Roxane plus décrite comme emportée par sa passion du mot, du verbe qu'idiote péroreuse. Mais du coup, oui, aveuglée, non pas au sens de la connerie mais au sens de pas disponible pour voir la réalité telle qu'elle est. Comme j'ai pu l'être par amour, non pas parce que j'étais femme DONC stupide, mais parce que mon besoin de projeter dans une vision qui n'était pas la réalité était plus fort. Comme vous aussi sans doute, un jour, non ?

Bien sûr dans les yeux de ceux qui regardent, il y a des biais. Sans doute plus à cause de cet acte V si interminable et prenant à la fois, à cause de la prise de conscience finale. Pour moi, elle est dans la fin d'un déni, pour d'autres, sans doute, c'est un jugement sur la "coconne" (je cite Mar_Land). Mais si seules les femmes à cause de leur bêtise induites étaient aptes au déni, ça se saurait, hein. Je ne la blâme pas sur ce déni, je dis juste, elle avait les outils intellectuels, humains, compassionnels pour déjouer le piège et pour des raisons qui appartiennent à son personnage (ou plutôt à la dramaturgie !), elle ne l'a pas fait.

On peut prendre le parti d'analyser le rapport des spectateurs sous cet angle là.

On peut considérer, aussi, que si ces émotions que nous ressentons sont si fortes, si on prend "parti" pour l'un, pour l'autre, pour le troisième, si on est si frustré que l'histoire d'amour dont on rêve n'ait pas lieu, alors que si elle avait lieu, il n'y aurait pas d'intrigue, pour le coup, c'est parce que c'est une sacrément bonne histoire d'amour à trois [2]. Et peut-être qu'en plus, en moins, ou à côté de biais misogynes, il y a aussi ce qu'on reconnaît de nous dans chacun de ses personnages.

Le petit souffle de "ah si j'étais à sa place" d'identification à l'un ou à plusieurs d'entre eux qui font que le récit fonctionne.

Alors j'en reste à ce que j'ai répondu à Mar_Lard, qui m'a "utilisée" comme preuve de ce schéma alors que je n'ai pas la sensation d'avoir prouvé quoi que ce soit, mais juste vibré à ces mots. Oui Cyrano a manqué de courage, et fait preuve de malhonnêté, je l'ai d'ailleurs déjà écrit ici.[3] Oui Christian a cru pouvoir récupérer ce qu'il n'aurait, peut-être, pas reçu d'amour à l'épreuve de la réalité. Et oui, Roxane, pour des raisons qui lui appartienne, a été aveuglée. Même si elle n'est pas en tort, même si elle n'a rien demandé, elle a, à sa façon, bien voulu croire à une illusion.

Et c'est justement grâce à ces choses pas si simples que ça, à cet absence de gentils et de méchants noirs ou blancs, que Cyrano fonctionne.

Mais sans doute que je le raisonne trop comme lectrice/spectatrice absorbée que comme dans une vision sociologique ou féministe.

Pour d'autres choses, je m'en serai tapé les doigts, d'avoir avalé un gros cliché et de le reproduire. Et peut-être que Mar_Lard a raison, de vouloir militer jusque dans les tripes des spectateurs, des lecteurs.

Mais si Rostand l'avait écrite autrement, et n'avait, du coup, pas induit des biais ou espéré des réactions, sans doute, son histoire aurait moins embarqué les foules au cours des 116 dernières années.

Et après tout, l'oeil qu'on pose sur leurs relations n'est que le reflet de qui on est. Certains militants de tous les instants, d'autres perméables à la question, au doute, d'aucuns, encore, statufié dans leurs certitudes.

Alors, sans doute, ce qui est le plus important n'est pas de savoir si on s'inscrit ou pas dans un schéma dans les larmes qu'on verse à la fin de Cyrano, mais ce qu'on fait de ces schémas dans nos vies hors de la fiction.

Encore une fois, ça n'est que mon avis, moins encore, mon sentiment de qui n'a jamais vraiment trouvé de "méchants" ou de "coupables" dans cette oeuvre. Peut-être parce que l'âge me venant, je crois maintenant qu'il faut plus qu'un coupable et un innocent dans les histoires humaines ?[4]

Notes

[1] qu'on aurait pour autant pas renommée Christine Boutin

[2] notez que je vous ai épargné la piste sur l'amour homosexuel refoulé de Cyrano et Christian, mais on pourra se faire une séance

[3] et vous renvoie par la même occasion à l'excellente série de billets écrits par Noé pendant la création de Cyrano

[4] Encore que, si on va par là, je trouve qu'on ne disserte pas assez sur le symbole phallique de cet immense nez chez Cyrano. Tapez pas, je rigole euh !!!

mardi 8 janvier 2013

Côté cuisine

A la maison, on ne mange pas ou très peu de "tout préparé".

Sans aller jusqu'à l'intégrisme culinaire qui dit que "si c'est fait au robot, c'est pas du fait maison" [1], la plupart du temps, on transforme maison du produit brut.

En jonglant avec les horaires de l'un, les appétits variables de l'autre, et les goûts très pointus de la dernière (mais qui file de grands coups de mains en cuisine).

C'est ainsi qu'on bricole et négocie des repas faits maison mais rapides, dits "plats gagnants".

Le plus réclamé en ces temps de froidure, chez nous, c'est le gratin de chou-fleu aligoté [2].

Un moyen radical de faire consommer une remarquable quantité de chou-fleur à ma difficile de fille.

Ce soir, je pense, on fera tarte aux poireaux, champignon, jambon et bleu. Toutes les deux, pourquoi pas ?

Et même si c'est la course de fin de journée, qu'il faut ajuster les temps de cuissons aux durées de bains et heures de coucher, j'aime bien ce petit passage en cuisine du soir pour nourrir la nichée...

Oeufs

Notes

[1] on notera que j'ai mis à profit crève + vacances pour me mettre à niveau en "Dîner presque parfait" :p

[2] pommes de terre et choux fleurs cuits vapeur, grossièrement écrasés avec un peu de beurre, un peu de crème ou de lait, et des bouts de cantal, puis passé au four pour gratiner, pour ceux qui se demanderaient