vendredi 23 décembre 2011

Super-Gardien

Depuis quelques années, la famille des gardiens d'origine est partie et on a, à la place, un gamin du quartier [1] qui officie dans les 5 entrées de mon immeuble.

C'est rigolo, d'ailleurs, bien avant qu'il ne devienne mon gardien, je le croisais à peu près tout les matins en partant travailler. C'est un solide gaillard presque aussi large que haut, et je le voyais dehors à l'aube, faisant la vidange d'un ridiculement microscopique toutou à sa mémère.

Je le saluais donc matutinalement et il me répondait à peine. Je l'avais donc injustement classé dans la catégorie des grincheux, alors qu'il n'était que mal réveillé.

Bref, notre "nouveau" gardien est une perle. Qui aime rendre service et dépanner les gens.

Rien que ces dernières semaines, il a réceptionné un nombre considérable de colis, a manqué entrer en collision avec mon Enchanteur, en allant purger mes radiateurs (à ma demande, j'avais juste oublié de lui dire que l'appartement n'était pas vide. Au moins ils ont fait connaissance). Il fait également office de manutentionnaire quand je reçois notre pesante autant que nouvelle table basse.

La semaine dernière, retardée par un événement imprévu autant qu'impressionnant, [2] voilà-t-y pas que le livreur de mes courses, lui-même en avance se retrouve sur le carreau à m'attendre.

Je lui suggère donc d'aller voir le gardien et de me le passer. Ce qu'il fait. Et Super-Gardien de se précipiter pour lui ouvrir la porte de mon appartement.

Et vous savez quoi ?

Le temps que je surmonte l'obstacle, que j'aille chercher ma fille, que je revienne, Super-Gardien me hèle d'une des fenêtres pour me dire... qu'il avait mis mes surgelés dans le réfrigérateur, en raison du manque de place dans le congélateur.

Tout gentil, non ?

Du coup et de gratitude, je suis allée lui pêcher un saumon pour son réveillon !

Notes

[1] Enfin ce sont les anciens du quartier qui l'appellent comme ça, mais étant donné qu'il a mon âge plus quelques mois, je ne peux qu'approuver

[2] que je vous conterai un autre jour

jeudi 22 décembre 2011

L'année prochaine, je te dis...

Ca fait des mois que ça m'agace, que ça me pèse, que ça m'horripile...

Quand le père de Cro-Mi prend ses vacances d'entrée de jeu, sachant très bien quelles seront les miennes et que ça se marche dessus.

Quand il se prend 15 jours pour un voyage au bout du monde mais qu'il "n'arrive pas" à faire plus qu'un pont pendant le reste de l'année pour elle.

Et que du coup, la moitié des vacances scolaires qu'elle pourrait passer avec son père, Cro-Mi les passe au centre de loisirs. Et qu'on se partage chichement le peu qui reste.

Ca me pèse parce que ça lui pèse à elle, qu'elle aimerait bien passer plus de deux ou trois jours d'affilée avec lui.

Et ça m'horripile parce qu'à ce compte il est bien facile de dire qu'elle lui manque, qu'il aimerait la voir plus souvent. Sauf quand ça perturbe sa vie de célibataire qui profite, en fait.

Alors l'autre jour, je faisais l'avocat de ma fille, je lui disais que j'aimerais bien qu'il se penche sur un calendrier, qu'il relise les mails où je lui indique mes dates pour éviter de prendre les mêmes congés. "J'ai pas eu le choix". Imparable.

Et que Cro-Mi aimerait bien passer du temps avec lui pendant ses vacances, que ça serait bien pour elle s'il pouvait s'attacher à la prendre pendant ces vacances auxquelles il "a droit", et surtout dont elle a besoin, envie. Et lui aussi, si j'en crois les paroles.

Sauf qu'il ne peut pas ! Trop de boulot ! Trop de choses à faire ! Trop de contraintes dans son équipe ! (et pour partir au débotté au bout du monde, là, y avait moyen. Oui, pile pendant les vacances de la Toussaint).

Alors je fais le disque rayé. Je lui dis qu'il punit tout le monde : lui et surtout, notre fille.

"L'année prochaine, je te dis... j'aurais moins de travail et je pourrais prendre des vacances".

L'année prochaine, oui.

J'espère que oui. Au temps pour le temps perdu ? Et... Comment vous dire que je n'y crois qu'à moitié ?

mercredi 21 décembre 2011

C'est un complot, j'en ai la preuve

Pour ceux qui n'ont pas suivi, il y a un an je me battais avec ma banque pour qu'elle me donne une réponse, positive ou négative, mais une réponse, sur la renégociation de mon prêt, avec quelques paramètres qui changeaient.

Ils ont mis 6 mois à me promener avant de dire non aux motifs les plus dégueulasses qui soient, je pense.

Là, j'ai trouvé un banquier à qui parler qui a pris l'affaire en main, en trois semaines c'était plié, mon prêt était racheté, et je changeais de banque.

Avec un immmmmmense soulagement. Je ne pense pas que mes sous leur manquent, hein, mais par principe.

Comme il advient généralement en pareilles circonstances, j'ai reçu chéquier et carte bleue (enfin marron). Et le code qui permet à cette dernière de fonctionner.

Quand j'ai soulevé le coin du papier qui masquait le code, j'ai cru m'étouffer.

Quelque part entre la rage et l'éclat de rire.

Figurez-vous que mon code de CB est composé d'éléments de dates de naissances du père de ma fille et de celui qui m'a gentiment rendue cinglée peu après le départ d'icelui.

Là, on en rigole, mais à cette époque, j'étais un peu chamboulée dans tous les sens et je vous jure que ça m'a fait bizarre !

Je m'en suis d'ailleurs ouverte à mon banquier à qui parler qui m'a regardée, incrédule, avant de ponctuer sa surprise d'un "ça c'est pas d'bol". Et de me dire : "tu sais, on peut changer, mais vu la chance que tu as, j'ai peur que ça soit encore pire".

On a bien ri.

lundi 19 décembre 2011

Cro Mi s'ennuie

L'autre jour, alors que je lisais peinard dans mon bain (l'excellente biographie de Victor Hugo par Alain Decaux - et non JC, private joke inside - pour ceux que ça intéresse), Cro-Mi se plante à côté de la baignoire, avec toute l'intensité de qui, à 5 ans et d'mi, a une question dont la réponse ne peut souffrir d'attente.

- Maman ?

- Oui ma chérie.

- Maman, pourquoi on fait tout ce qu'on fait, dans la vie ?

Arg. De la métaphysique. Je lui demande donc :

- Tout ce qu'on fait quoi, ma chérie ? (des fois que ça permette de faire un peu entonnoir et qu'on thématise la conversation).

- Ben tout. Aller travailler, aller à l'école.

Alors je lui dis, que travailler ça sert à gagner des sous, que si on a de la chance, on peut aussi s'y épanouir, trouver sa place dans le grand monde du travail, rencontrer des gens intéressants.

Et aller à l'école, ça sert à apprendre à apprendre, à découvrir le monde, la vie sociale, etc.

- Pourquoi tu me demandes ça mon amour ?

Et là, elle me répond qu'elle s'ennuie. Qu'à l'école, elle passe son temps à jouer seule, vu qu'elle a fini avant les autres. Et qu'elle préfère quand c'est dur. Parce que quand c'est dur, c'est pour faire réfléchir les élèves et là on apprend. Alors que ce qu'elle fait, elle le sait déjà.

Léger vertige de la mère, qui a prudemment posé Victor loin de l'eau... et qui lui promet qu'en CP, ça va être plus dur, et qu'en plus il y aura des devoirs (à prononcer d'un air terrible). Que cette année, la maîtresse ne sait pas trop quoi faire avec elle parce que c'est rare d'avoir des élèves qui vont aussi vite, mais qu'il faut qu'elle soit patiente.

(D'autant, ndlm[1], qu'elle est dans la classe de sa meilleure amie et de son amoureux, un changement de classe pour celle d'un(e) instit qui gérerait mieux serait vécu comme une punition).

Mais que oui, l'an prochain, elle va travailler, beaucoup plus, et que ça ne sera plus pour rire.

Là, un regard heureux comme si elle avait découvert l'atelier du père Noël.

Un sourire radieux.

On me tourne le dos, son petit cul balance et je l'entends s'éloigner au son des flap flap flap sautillants de ses pieds nus sur le parquet.

Pincement au coeur.

Mais quand même... fierté.

Je digère la conversation et reprends Victor.

Note

[1] Note De La Maman

vendredi 16 décembre 2011

Photo sensible

C'est un drame de ma vie.

(Prononcer cette phrase d'un ton grave autant que pénétré, le front ridé par le sérieux de la situation).

J'aime la photo. Je veux dire : j'aime regarder des photos, quand l’œil du photographe me touche. C'est un mode d'expression qui me parle, qui m'émeut, me fait parfois penser, et tout ce qui s'essuie ensuit.

Photo sensible, donc.

A intervalles réguliers, je me dis que ça serait drôlement chouette si, moi aussi, je faisais de bien jolies photos.

Sauf que : rien à faire. Mes photos sont moches.

Ah ! Que j'envie ceux qui de l’œil composent, perçoivent la lumière, le mouvement. Ceux qui cadrent et ceux qui déclenchent à l'exact moment.

Ceux qui d'un cliché vont raconter une histoire.

Mes photos, elles sont moches. D'abord y a toujours un truc qui gêne dans le cadre. Et puis je ne sais pas. Il semblerait qu'à l'instant où j'appuie sur le bouton, la raison pour laquelle je me suis dit que l'instant était photographiable s'est envolé. Il réapparaît, potentiellement, dès que j'ai remisé l'appareil, d'ailleurs.

A intervalles réguliers, je me dis qu'avec un bon outil je serais motivée pour prendre de jolies photos. Apprendre. Me promener, gagner en patience, essayer, beaucoup rater, et parfois, une à sauver.

Généralement je ricane dans la foulée à me dire que ça serait bien du gâchis.

Et je suis frustrée. C'est un sujet pour lequel j'ai l'impression que ça se travaille, mais ça ne s'apprend pas, vous voyez ce que je veux dire ?

Au moins il me reste le plaisir d'admirer les photos des autres...

(Une que, quand même, j'aime bien...)

Cro Mignonne, automne 2010

jeudi 15 décembre 2011

Ceux qui insèrent et ceux qui empilent

Avez-vous remarqué ?

Il y a ceux qui insèrent, et ceux qui empilent.

Non ce n’est pas cochon.

Il s’agit des emails.

Pour répondre.

Il y a ceux qui insèrent leur réponse dans le corps du mail original, paragraphe par paragraphe, et ceux qui empilent leur réponse au-dessus.

Je fais résolument partie de la deuxième catégorie, mais il se trouve que je connais beaucoup de gens qui insèrent.

Ca m’amuse, les inséreurs, je me dis que du temps des lettres en papier, peut-être qu’ils auraient passé du temps avec des ciseaux et de la colle, à découper la phrase originale, la coller, puis écrire dessous leur réponse ?

C’est bien fait, la technique, quand même ! Et puis ça épargne de faire copiste ou copieur, d’autant que les lettres en papier, souvent, on les écrit recto verso.

A l’inverse, je dois leur reconnaître plus de sérieux : ils oublient beaucoup moins de répondre à une partie du message et sont moins casse-pieds que les dans mon genre qui répondent et puis renvoient un message « au fait ! » et un autre « et j’ai oublié d’te dire !!! ».

Mais cette tendre moquerie pour les deux parties, hors nous révéler des traits de caractère très parlants sur nos interlocuteurs, n’est surtout qu’un prétexte à dire que j’aime les emails. Les écrire, en recevoir. J’aime que les moyens modernes nous permettent de renouer avec les relations épistolaires (mais pas que).

mardi 13 décembre 2011

J'aime le voir jouer

Puisque le "grand mystère" de l'identité de mon enchanteur est levé [1], il n'aura échappé à personne que ce dernier passe sa vie à jouer.

Heureux homme.

Et moi, j'aime aller le voir jouer.

C'est rare, un métier où c'est non seulement possible mais encouragé d'aller voir les autres travailler, non ?

Et puis surtout, j'aime sa façon de raconter des histoires, de n'être plus tout à fait lui mais son (ses) personnage(s), où parfois je crois l'apercevoir dans l'éclat bref d'un regard, d'un geste qu'il a, aussi, dans la vie. C'est sa capacité à me surprendre chaque fois. A m'embarquer, lui et ses comparses, dans le récit, dans une autre vie, ailleurs, un autre temps.

Je me demande s'il sait à quel point il est capable de m'emmener, de m'émouvoir. S'il le perçoit, vaguement, d'un coin d'oeil, ou dans mes mots, après.

C'est curieux, en parlant d'après, de le retrouver. De le voir réapparaître sous le costume, sous les expressions "d'un autre", de le voir soudain épuisé, et puis, petit à petit, le temps de se refaire le film, de ce qui a été, pas été, de ses sensations, la détente s'installe peu à peu et le revoilà.

J'aime aller le voir jouer, aussi, quand sur le quai de métro samedi, j'ai vu ceci, je n'ai pas pu résister.

Affiche de Cyrano dans le métro parisien

Affiche de Cyrano dans le métro et un clown

Vue des affiches

Allez-y, c'est d'la bonne !

Edit : puisque vous êtes d'humeur joueuse, j'ajoute une vue, et... la réponse à la question soulevée par Raphaëlle, Minium et Pablo suivra, dans quelques heures !

Note

[1] et je rigole très fort à l'idée de mystère, vu qu'un nombre considérable de gens avaient une idée plus qu'assez précise de ce qui se passait avant même que les faits se produisent

lundi 12 décembre 2011

Nouveau départ

Tada !!!

Je vous ai bien eus, non ?

Je rigole. Y avait pas malice.

Là, présentement, j'ai un gros trac de débutante. 8 ans de blogueries pour repartir sur une page blanche, c'est étrange.

Mais pourquoi ?

Premièrement pour me détacher de cette entité d'avant. Même si je sais que dans vos répertoires téléphoniques, c'est sous ce nom que j'apparais (oui, je le sais, pas la peine de nier !), et que d'aucuns ont d'ores et déjà émis le souhait de continuer à m'appeler comme ça (et la réponse est oui, bien sûr), pour moi c'est rattaché à une époque de ma vie qui est derrière. Je ne renie rien, je ne regrette rien, mais c'est autre chose maintenant.

D'autre part parce ce qu'il y a deux lecteurs, l'un silencieux, l'autre, hélas (héllllaaaaas) non, du précédent blog dont le regard et les remarques me mettaient mal à l'aise. Assez pour perturber mon rapport au blog, pour m'auto-censurer, pour retenir quelques billets... Et allez interdire à quelqu'un de vous lire, au prétexte que c'est privé, alors même que c'est sur le nain ternet !!! Alors bien sûr, je vous demande de ne pas donner cette adresse, ni au père de ma fille, ni à l'homme au slip en kevlar. Mais je me doute bien que vous aviez compris le principe !

Et puis j'avais, je crois, besoin de cette mue.

Comme vous pouvez le voir, c'est un changement dans la continuité (oui, je sais, y a encore un peu de boulot sur la bannière mais je peinais de vous faire languir, et j'avais hâte,  et merci, au demeurant, à tous ceux qui m'ont demandé de leur donner des nouvelles. Ce soir je m'en occupe). Mais vous avez vu, y a de belles chaussettes et une paire de pieds supplémentaire (ne lui dites pas qu'il les a très grands, il trouve que ce sont les miens qui sont très petits) ?

Au demeurant et à propos, merci à mon Enchanteur pour l'hébergement, l'assistance technique, l'accompagnement dans la clean-install (héhéhé), la pétouille qui bugait cette nuit réparée en un quart de seconde, l'envie manifestée de continuer à me lire, le soutien à mes délires internètesques, et tout le reste.

Mais on va lire quoi, chez Sacrip'Anne ?

La bonne nouvelle c'est que j'ai une longue liste de billets en attente, et que ça ne devrait pas vous changer de l'ambiance d'avant. Il y a aura des petits bouts de tous les jours, des rires et des colères, de la tendresse, une Cro-Mignonne, sans doute un peu de son comparse le Lutin Facétieux, un Enchanteur. La vie.

La "mauvaise" mais qui est bonne pour moi c'est que je maintiens le cap dans le "pas de contraintes". Donc je vais écrire, sans doute souvent, mais je ne prends aucun engagement, ni auprès de vous, ni auprès de moi, sur un rythme de publication.

Et puis il y aussi d'autres projets en cours dont je vous entretiendrai dès que ça sera prêt.

Il est long, ce premier billet, non ?

Sans doute parce que vous m'avez manqué. J'ai hâte de vous retrouver.

La bise à tous, camarades !